publié le 3 sept. 2010, 06:18 par Paroisse Quintin
[
mis à jour : 14 août 2015, 14:14
]
Je
ne livre ici que quelques pistes de réflexion sur la pratique de la
religion, d’abord dans mon pays, la République Démocratique du Congo, et
ensuite, en Bretagne que je visite pour la seconde fois consécutive.
Une foi à double vitesse
Mon
pays, la République Démocratique du Congo, appelé aussi Congo-Kinshasa,
est un pays à majorité catholique, à côté du protestantisme, du
kimbanguisme, de l’islam et de l’Eglise orthodoxe. A ces religions
officielles s’ajoutent les « sectes ». Dans l’ensemble du pays, ces
mouvements ont pris un essor considérable. Mais c’est la capitale,
Kinshasa, qui en constitue incontestablement le foyer le plus ardent. La
question majeure que l’on peut se poser est de savoir : premièrement,
ce qui pourrait fonder un tel engouement vers les « sectes » ;
deuxièmement si ces religions et sectes aident réellement les gens à se
prendre en charge. Ce qu’il faudrait aussi souligner, c’est l’impact de
toutes ces pratiques religieuses sur le politique et sur le
comportement humain.
L’expérience de la Bretagne
Où sont passés les jeunes ?
Comme
l’ensemble de la France, La Bretagne connaît la déchristianisation. La
pratique de la foi est, en effet, en net recul. Même s’il y a encore un
certain nombre de gens qui fréquentent l’église et sont fidèles aux
célébrations, dans la majorité des cas, c’est un public vieillissant. Où
sont passés entre-temps les jeunes ? Pourquoi sont-ils absents de la
vie de l’Eglise ou des lieux de culte ? Pourquoi ne pratiquent-ils plus
leur foi ? J’ai posé cette question à quelques jeunes que j’ai
rencontrés ici à Quintin au mois d’août, voici ce qu’ils m’ont dit :
« Mais, ne sommes-nous pas présents dans tous les rendez-vous d’Eglise,
qu’ils soient européens ou internationaux : Taizé, JMJ, Scouts, etc. ?
C’est notre façon de croire, et c’est la meilleure ». Il y a sans doute
du vrai dans ce qu’ils m’ont exprimé. « L’Esprit souffle où il
veut » : Taizé, JMJ ainsi que tous ces mouvements de jeunesse peuvent
être ces lieux où l’Esprit souffle et séduit. Mais la foi a aussi une
dimension ecclésiale. La foi se reçoit et se vit en Eglise. Il est donc
clair que l’absence des jeunes aujourd’hui aux célébrations dominicales
est le plus grand défi à relever. Comment les toucher directement au
cœur ? Le rôle des grands-parents pourrait être ici particulièrement
important.
Les ouvriers sont peu nombreux
Le
deuxième grand défi à relever en Bretagne comme dans toute l’Europe me
semble le manque de personnel. Comme disait le Christ, « la moisson est
abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux » (Mt 9, 37). Dans
plusieurs paroisses, il y a un seul prêtre pour plusieurs relais. Cela
peut avoir des répercussions tant sur le rendement du prêtre, sur sa
santé que sur l’exercice de la charge pastorale.
La Bretagne s’ouvre à la dimension missionnaire
Je
constate aussi que la Bretagne s’ouvre peu à peu à la dimension
missionnaire. L’accueil des prêtres africains dans le diocèse de
Saint-Brieuc et Tréguier est une preuve de cet élan missionnaire qui se
fait jour dans cette belle région de la France. Je vois en cela un signe
d’espérance pour l’Eglise de demain. Je remercie infiniment Mgr Lucien
Fruchaud d’en avoir été le principal artisan. C’est l’un des mérites de
son épiscopat. Il y en a, bien sûr, tant d’autres plus importants.
L’engagement des laïcs
J’ai
admirablement été surpris par l’engagement des laïcs dans le diocèse de
Saint-Brieuc et Tréguier. Leur dévouement me fascine, la manière dont
ils s’organisent pour faire revivre les différents relais. A Quintin,
par exemple, le secrétariat paroissial fonctionne quasiment tous les
jours et une permanence est organisée également chaque jour de la
semaine au presbytère. La liturgie dominicale est préparée par
différents représentants de tous les relais. Je crois bien que cela se
fait aussi pour d’autres réunions importantes comme celles du conseil
paroissial. Les partages sont fort enrichissants. C’est une expérience
positive à encourager.
J’ai beaucoup apprécié la célébration des pardons
Je
dois dire aussi que j’ai beaucoup apprécié en Bretagne la célébration
des pardons. C’est pour moi à la fois une surprise et un signe
d’espérance. L’existence de ces pardons est une chance inouïe pour les
diocèses. J’ai eu l’occasion de vivre, en été dernier, le pardon de
Sainte-Anne avec Mgr Fruchaud et cette année, ceux de Saint-Germain, du
Vieux-Bourg et de St Roch. Je suis étonné du nombre des personnes qui
participent à ces célébrations. On n’y rencontre pas que des adultes,
mais aussi des jeunes et des enfants. Une fois de plus, la réponse des
jeunes dont nous parlions tout à l’heure trouve ici un écho positif.
C’est bien de favoriser de pareils rassemblements. En multipliant ces
occasions, il est possible de convertir les plus hésitants et de rouvrir
le chemin de l’Eglise à ceux qui ne pratiquent plus leur foi.
Le P. Godefroid Munima
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